Mallet : Limites de l'éthique déontologique

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Gabie
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Mallet : Limites de l'éthique déontologique

13 janvier 2021, 09:20

Coucou!

Désolé de ne pas mettre ma question au bon endroit, je savais pas trop où la mettre..
J'aurais aimé savoir si il était possible de me réexpliquer les limites de l'éthique déontologique parce que j'ai du mal à les comprendre. Pourquoi cette éthique est trop exigeante? Pas toujours adaptée aux situations cliniques complexes...?

Merci d'avance pour votre aide,
Bonne journée!

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Siméon le papillon
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Re: Mallet : Limites de l'éthique déontologique

16 janvier 2021, 20:34

Salut Gabie,

C'est normal si l'éthique déontologique reste un peu floue pour vous au début, les propos de Kant ne sont pas les plus clairs

Pour récapituler grossièrement, l'éthique déontologique est un versant de l'éthique (une façon de voir les choses) souvent rattaché à la philosophie d'Emmanuel Kant : lors de prises de décisions à caractère moral, si l'on agit d'une certaine manière c'est simplement parce-que c'est moral de le faire, que c'est fondamentalement la meilleure solution, sans se soucier de la finalité de notre action.
Ainsi, si tu vois une mamie se rétamer dans la rue à côté de toi, tu te dois de l'aider à se relever et de t'assurer qu'elle va bien au lieu de continuer ton chemin sans t'arrêter. Mais si tu agis ainsi ce n'est pas pour avoir bonne conscience, ni même pour le bien être de la mamie, mais tout simplement parce que tu le dois.

La déontologie s'oppose ainsi à la téléologie, au lieu d'agir en vue d'un but (comme "le plus grand bonheur pour le plus grand nombre", pour les utilitaristes) on agit selon un devoir moral immuable.


Pour illustrer les limites de ce mode de pensée, prenons l'exemple du devoir moral de vérité. Si, un peu comme Kant, on raisonne dans l'optique d'aboutir à une loi universelle applicable à chacun dans toutes les situations, on finirait vite par considérer qu'il est fondamentalement meilleur de dire la vérité plutôt que de mentir. Imagine-toi alors cette situation :
Lors de l'occupation allemande, en train de boire un thé à ta fenêtre, tu aperçois un juif en pleine cavale qui passe devant chez toi et bifurque dans une ruelle voisine. Quelques secondes plus tard, une demi-douzaine de SS débarquent et te demandent par où il est parti. Pour être fidèle à ta déontologie, tu te devrais d'indiquer la bonne direction aux nazis même si dans cette situation leur mentir paraitrait être une meilleure décision.

On peut ainsi se rendre compte qu'il est presque impossible de suivre une éthique déontologique les yeux fermés, même si elle peut être applicable dans une majorité des cas il existera forcément des situations dérogatoires où la meilleure décision ne sera pas de respecter un code moral déterminé à priori.


Exemple de situation clinique où il serait bon de ne pas être kantiste :
Un patient en fin de vie souffre terriblement et ne demande qu'à mourir pour en finir définitivement avec ce supplice. Il prend déjà des antidouleurs à forte doses et vous savez qu'augmenter encore plus la morphine conduirait à son arrêt respiratoire et in fine, à son décès. Votre éthique déontologique de médecin vous empêcherait de faire ceci car mettre fin à une vie constituerait un interdit. En la respectant vous condamneriez donc le patient à mourir "naturellement" après des heures voire des jours de souffrance...



J'ai été un peu long mais j'espère avoir répondu à tes interrogations, sinon n'hésite pas à me dire si tu veux que je revienne sur certains points !

xoxo

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Gabie
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Re: Mallet : Limites de l'éthique déontologique

17 janvier 2021, 09:52

Merci pour ta réponse très complète, j'ai bien compris!
Passe une bonne journée ;)

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